Archives pour la catégorie XIXe siècle

AUX EAUX

JOURNAL DU MARQUIS DE ROSEVEYRE

12 juin 1880. — A Loëche ! On veut que j’aille passer un mois à Loëche ! Miséricorde ! Un mois dans cette ville qu’on dit être la plus triste, la plus morte, la plus ennuyeuse des villes d’eaux ! Que dis-je, une ville ? C’est un trou, à peine un village ! On me condamne à un mois de bagne, enfin !

 

13 juin. — J’ai songé toute la nuit à ce voyage qui m’épouvante. Une seule chose me reste à faire, je vais emmener une femme ! Cela pourra me distraire, peut-être ? Et puis j’apprendrai, par cette épreuve, si je suis mûr pour le mariage. Lire la suite

VN:F [1.9.22_1171]
Rating: 0.0/10 (0 votes cast)
VN:F [1.9.22_1171]
Rating: 0 (from 0 votes)

LA SERRE

M. et Mme Lerebour avaient le même âge. Mais monsieur paraissait plus jeune, bien qu’il fût le plus affaibli des deux. Ils vivaient près de Nantes dans une jolie campagne qu’ils avaient créée après fortune faite en vendant des rouenneries.

La maison était entourée d’un beau jardin contenant basse-cour, kiosque chinois et une petite serre tout au bout de la propriété. M. Lerebour était court, rond et jovial, d’une jovialité de boutiquier bon vivant. Sa femme, maigre, volontaire et toujours mécontente, n’était point parvenue à vaincre la bonne humeur de son mari. Elle se teignait les cheveux, lisait parfois des romans qui lui faisaient passer des rêves dans l’âme, bien qu’elle affectât de mépriser ces sortes d’écrits. On la déclarait passionnée, sans qu’elle eût jamais rien fait pour autoriser cette opinion. Mais son époux disait parfois : « Ma femme, c’est une gaillarde ! » avec un certain air entendu qui éveillait des suppositions. Lire la suite

VN:F [1.9.22_1171]
Rating: 0.0/10 (0 votes cast)
VN:F [1.9.22_1171]
Rating: 0 (from 0 votes)

L’ORPHELIN

Mademoiselle Source avait adopté ce garçon autrefois en des circonstances bien tristes. Elle était âgée alors de trente-six ans et sa difformité (elle avait glissé des genoux de sa bonne dans la cheminée, étant enfant, et toute sa figure, brûlée horriblement, était demeurée affreuse à voir) sa difformité l’avait décidée à ne se point marier, car elle ne voulait pas être épousée pour son argent.

Une voisine, devenue veuve étant grosse, mourut en couches, ne laissant pas un sou. Mlle Source recueillit le nouveau-né, le mit en nourrice, l’éleva, l’envoya en pension, puis le reprit à l’âge de quatorze ans, afin d’avoir dans sa maison vide quelqu’un qui l’aimât, qui prît soin d’elle, qui lui rendit douce la vieillesse. Lire la suite

VN:F [1.9.22_1171]
Rating: 0.0/10 (0 votes cast)
VN:F [1.9.22_1171]
Rating: 0 (from 0 votes)

L’AMI JOSEPH

On s’était connu intimement pendant tout l’hiver à Paris.

Après s’être perdus de vue, comme toujours, à la sortie du collège, les deux amis s’étaient retrouvés un soir, dans le monde, déjà vieux et blanchis, l’un garçon, l’autre marié.

M. de Méroul habitait six mois Paris, et six mois son petit château de Tourbeville. Ayant épousé la fille d’un châtelain des environs, il avait vécu d’une vie paisible et bonne dans l’indolence d’un homme qui n’a rien à faire. De tempérament calme et d’esprit rassis, sans audaces d’intelligence, ni révoltes indépendantes, il passait son temps à regretter doucement le passé, à déplorer les mœurs et les institutions d’aujourd’hui, et à répéter à tout moment à sa femme, qui levait les yeux au ciel, et parfois aussi les mains en signe d’assentiment énergique : « Sous quel gouvernement vivons-nous, mon Dieu ? » Lire la suite

VN:F [1.9.22_1171]
Rating: 0.0/10 (0 votes cast)
VN:F [1.9.22_1171]
Rating: 0 (from 0 votes)