Archives pour la catégorie XIXe siècle

LE CAS DE MADAME LUNEAU

A Georges Duval.

Le juge de paix, gros, avec un œil fermé et l’autre à peine ouvert, écoute les plaignants d’un air mécontent. Parfois il pousse une sorte de grognement qui fait préjuger son opinion, et il interrompt d’une voix grêle comme celle d’un enfant, pour poser des questions.

Il vient de régler l’affaire de M. Joly contre M. Petitpas, au sujet de la borne d’un champ qui aurait été déplacée par mégarde par le charretier de M. Petitpas, en labourant.

Il appelle l’affaire d’Hippolyte Lacour, sacristain et quincaillier, contre Mme Céleste-Césarine Luneau, veuve d’Anthime Isidore. Lire la suite

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LE MAL D’ANDRÉ

A Edgar Courtois.

La maison du notaire avait façade sur la place. Par derrière, un beau jardin bien planté s’étendait jusqu’au passage des Piques, toujours désert, dont il était séparé par un mur.

C’est au bout de ce jardin que la femme de Me Moreau avait donné rendez-vous, pour la première fois, au capitaine Sommerive qui la poursuivait depuis longtemps. Lire la suite

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MON ONCLE SOSTHÈNE

A Paul Ginisty.

Mon oncle Sosthène était un libre penseur comme il en existe beaucoup, un libre-penseur par bêtise. On est souvent religieux de la même façon. La vue d’un prêtre le jetait en des fureurs inconcevables; il lui montrait le poing, lui faisait des cornes, et touchait du fer derrière son dos, ce qui indique déjà une croyance, la croyance au mauvais œil. Or, quand il s’agit de croyances irraisonnées, il faut les avoir toutes ou n’en pas avoir du tout. Moi qui suis aussi libre penseur, c’est-à-dire un révolté contre tous les dogmes que fit inventer la peur de la mort, je n’ai pas de colère contre les temples, qu’ils soient catholiques, apostoliques, romains, protestants, russes, grecs, bouddhistes, juifs, musulmans. Et puis, moi, j’ai une façon de les considérer et de les expliquer. Un temple, c’est un hommage à l’inconnu. Plus la pensée s`élargit, plus l’inconnu diminue, plus les temples s’écroulent. Mais, au lieu d’y mettre des encensoirs, j’y placerais des télescopes et des microscopes et des machines électriques. Voilà! Lire la suite

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LUI?

A Pierre Decourcelle.

Mon cher ami, tu n’y comprends rien? et je le conçois. Tu me crois devenu fou ? Je le suis peut—être un peu, mais non pas pour les raisons que tu supposes.

Oui. Je me marie. Voilà.

Et pourtant mes idées et mes convictions n’ont pas changé. Je considère l’accouplement légal comme une bêtise. Je suis certain que huit maris sur dix sont cocus. Et ils ne méritent pas moins pour avoir eu l’imbécillité d`enchaîner leur vie, de renoncer à l’amour libre, la seule chose gaie et bonne au monde, de couper l’aile à la fantaisie qui nous pousse sans cesse à toutes les femmes, etc., etc. Plus que jamais, je me sens incapable d’aimer une femme, parce que j’aimerai toujours trop toutes les autres. Je voudrais avoir mille bras, mille lèvres et mille… tempéraments pour pouvoir étreindre en même temps une armée de ces êtres charmants et sans importance.

Et cependant je me marie. Lire la suite

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