Archives pour la catégorie XIXe siècle

LA FENÊTRE

Je fis la connaissance de Mme de Jadelle à Paris, cet hiver. Elle me plut infiniment tout de suite. Vous la connaissez d’ailleurs autant que moi…, non… pardon… presque autant que moi… Vous savez comme elle est fantasque et poétique en même temps. Libre d’allures et de cœur impressionnable, volontaire, émancipée, hardie, entreprenante, audacieuse, enfin au-dessus de tout préjugé, et, malgré cela, sentimentale, délicate, vite froissée, tendre et pudique.

Elle était veuve, j’adore les veuves, par paresse. Je cherchais alors à me marier, je lui fis la cour. Plus je la connaissais, plus elle me plaisait ; et je crus le moment venu de risquer ma demande. J’étais amoureux d’elle et j’allais le devenir trop. Quand on se marie, il ne faut pas trop aimer sa femme, parce qu’alors on fait des bêtises ; on se trouble, on devient en même temps niais et brutal. Il faut se dominer encore. Si on perd la tête le premier soir, on risque fort de l’avoir boisée un an plus tard. Lire la suite

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L’ODYSSÉE D’UNE FILLE

Oui, le souvenir de ce soir-là ne s’effacera jamais. J’ai eu, pendant une demi-heure, la sinistre sensation de la fatalité invincible ; j’ai éprouvé ce frisson qu’on a en descendant aux puits des mines. J’ai touché ce fond noir de la misère humaine ; j’ai compris l’impossibilité de la vie honnête pour quelques-uns.

Il était minuit passé. J’allais du Vaudeville à la rue Drouot, suivant d’un pas pressé le boulevard où couraient des parapluies. Une poussière d’eau voltigeait plutôt qu’elle ne tombait, voilant les becs de gaz, attristant la rue. Le trottoir luisait, gluant plus que mouillé. Les gens pressés ne regardaient rien. Lire la suite

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LA REVANCHE

Scène première

 

M. de Garelle, seul, au fond d’un fauteuil.
 

 

Me voici à Cannes, en garçon, drôle de chose. Je suis garçon ! À Paris, je ne m’en apercevais guère. En voyage, c’est autre chose. Ma foi, je ne m’en plains pas.

Et ma femme est remariée ! Lire la suite

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LA MARTINE

Cela lui était venu, un dimanche, après la messe. Il sortait de l’église et suivait le chemin creux qui le reconduisait chez lui, quand il se trouva derrière la Martine qui rentrait aussi chez elle.

Le père marchait à côté de sa fille, d’un pas important de fermier riche. Dédaignant la blouse, il portait une sorte de veston de drap gris et il était coiffé d’un chapeau melon à larges bords.

Elle, serrée dans un corset qu’elle ne laçait qu’une fois par semaine, s’en allait droite, la taille étranglée, les épaules larges, les hanches saillantes, en se dandinant un peu. Lire la suite

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