Archives pour la catégorie XIXe siècle

CORRESPONDANCE

Madame de X… à Madame de Z…

Étretat, vendredi.

Ma chère tante,

Je viens vers vous tout doucement. Je serai aux Fresnes le 2 septembre, veille de l’ouverture de la chasse que je tiens à ne pas manquer, pour taquiner ces messieurs. Vous êtes trop bonne, ma tante, et vous leur permettez ce jour-là, quand vous êtes seule avec eux, de dîner sans habit et sans s’être rasés en rentrant, sous prétexte de fatigue.

Aussi sont-ils enchantés quand je ne suis pas là. Mais j’y serai, et je passerai la revue, comme un général, à l’heure du dîner ; et si j’en trouve un seul un peu négligé, rien qu’un peu, je l’enverrai à la cuisine, avec les bonnes. Lire la suite

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UNE PASSION

La mer était brillante et calme, à peine remuée par la marée, et sur la jetée toute la ville du Havre regardait entrer les navires.

On les voyait au loin, nombreux, les uns, les grands vapeurs, empanachés de fumée ; les autres, les voiliers, traînés par des remorqueurs presque invisibles, dressant sur le ciel leurs mâts nus, comme des arbres dépouillés.

Ils accouraient de tous les bouts de l’horizon vers la bouche étroite de la jetée qui mangeait ces monstres ; et ils gémissaient, ils criaient, ils sifflaient, en expectorant des jets de vapeur comme une haleine essoufflée. Lire la suite

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VOYAGE DE NOCE

PERSONNAGES

 

Mme RIVOIL, cinquante ans.
Mme BEVELIN, soixante ans.

 

Un salon. – Sur le guéridon un livre ouvert : la Chanson des nouveaux époux, par Mme Juliette Lamber.

 

Mme RIVOIL. – Ça m’a fait un singulier effet, ce livre. C’est mon poème que je viens de lire, le poème dont j’ai été l’héroïne, il y a trente ans passés. Vous me voyez les yeux rouges, ma chère amie : c’est que je pleure comme une fontaine depuis deux heures ; je pleure tout ce vieux passé, si court, et fini, fini… fini.

Mme BEVELIN. – Pourquoi tant regretter les choses disparues ? Lire la suite

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UN DRAME VRAI

Le vrai peut quelquefois n’être pas vraisemblable (1.)

 

Je disais l’autre jour, à cette place, que l’école littéraire d’hier se servait, pour ses romans, des aventures ou vérités exceptionnelles rencontrées dans l’existence ; tandis que l’école actuelle, ne se préoccupant que de la vraisemblance, établit une sorte de moyenne, des événements ordinaires.

Voici qu’on me communique toute une histoire, arrivée, paraît-il, et qui semble inventée par quelque romancier populaire ou quelque dramatique en délire.

Elle est, en tout cas, saisissante, bien machinée et fort intéressante en son étrangeté. Lire la suite

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