Archives pour la catégorie XIXe siècle

L’HORRIBLE

La nuit tiède descendait lentement.

Les femmes étaient restées dans le salon de la villa. Les hommes, assis ou à cheval sur les chaises du jardin, fumaient, devant la porte, en cercle autour d’une table ronde chargée de tasses et de petits verres.

Leurs cigares brillaient comme des yeux, dans l’ombre épaissie de minute en minute. On venait de raconter un affreux accident arrivé la veille: deux hommes et trois femmes noyés sous les yeux des invités, en face, dans la rivière. Lire la suite

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MALADES ET MÉDECINS

Singulier mystère que le souvenir! On va devant soi, par les rues, sous le premier soleil de mai, et tout à coup, comme si des portes depuis longtemps fermées s’ouvraient dans la mémoire, des choses oubliées vous reviennent. Elles passent, suivies par d’autres, vous font revivre des heures passées, des heures lointaines.

Pourquoi ces retours brusques vers l’autrefois? Qui sait? Une odeur qui flotte, une sensation si légère qu’on ne l’a point notée, mais qu’un de nos organes reconnaît, un frisson, un même effet de soleil qui frappe l’œil, un bruit peut-être, un rien qui nous effleura en une circonstance ancienne et qu’on retrouve, suffit à nous faire revoir tout à coup un pays, des gens, des événements disparus de notre pensée. Lire la suite

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CHRONIQUE

Enfin ! enfin ! saluons la justice de notre pays, elle devient presque étonnante. En quinze jours, elle a rendu deux arrêts surprenants.

Elle a condamné à un an de prison une jeune furie qui avait ravagé avec du vitriol le visage de sa rivale.

Puis, huit jours plus tard, elle a frappé de la même peine un mari, complaisant d’abord, jaloux ensuite, qui avait logé une balle de revolver dans le ventre de son concurrent heureux.

Cette nouvelle manière d’apprécier ce genre de délits est assurément préférable à l’ancienne. Elle laisse cependant encore à désirer. Lire la suite

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SOUVENIRS

MA CHÈRE SOPHIE,

 

Non, je ne viendrai pas à Paris ce printemps. Je reste chez moi, dans mon trou, comme tu dis. Je me fais l’effet des vieilles bêtes qui ne sortent plus de leur terrier, parce que tout les fatigue et que tout les effraye. Je ne suis plus de l’âge où l’on a des curiosités, des plaisirs et des joies nouvelles. Je n’ai que des joies anciennes, mes plaisirs ne sont que de la résignation, et je vis dans les souvenirs comme les jeunes gens vivent dans l’espérance. Lire la suite

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