Le château, de style ancien, est sur une colline boisée ; de grands arbres l’entourent d’une verdure sombre, et le parc infini étend ses perspectives tantôt sur des profondeurs de forêt, tantôt sur les pays environnants. A quelques mètres de la façade se creuse un bassin de pierre où se baignent des dames de marbre ; d’autres bassins étagés se succèdent jusqu’au pied du coteau, et une source emprisonnée fait des cascades de l’un à l’autre. Du manoir, qui fait des grâces comme une coquette surannée, jusqu’aux grottes incrustées de coquillages, et où sommeillent des Amours d’un autre siècle, tout en ce domaine antique a gardé la physionomie des vieux âges ; tout semble parler encore des coutumes anciennes, des mœurs d’autrefois, des galanteries passées et des élégances légères où s’exerçaient nos aïeules. Lire la suite
Archives pour la catégorie Nouvelles
LE MARIAGE DU LIEUTENANT LARÉ
Dès le début de la campagne, le lieutenant Laré prit aux Prussiens deux canons. Son général lui dit : « Merci, lieutenant », et lui donna la croix d’honneur.
Comme il était aussi prudent que brave, subtil, inventif, plein de ruses et de ressources, on lui confia une centaine d’hommes, et il organisa un service d’éclaireurs qui, dans les retraites, sauva plusieurs fois l’armée.
Mais, comme une mer débordée, l’invasion entrait par toute la frontière. C’étaient de grands flots d’hommes qui arrivaient les uns après les autres, jetant autour d’eux une écume de maraudeurs. La brigade du général Carrel, séparée de sa division, reculait sans cesse, se battant chaque jour, mais se maintenait presque intacte, grâce à la vigilance et à la célérité du lieutenant Laré, qui semblait être partout en même temps, déjouait toutes les ruses de l’ennemi, trompait ses prévisions, égarait ses uhlans, tuait ses avant-gardes. Lire la suite
« COCO, COCO, COCO FRAIS ! »
J’avais entendu raconter la mort de mon oncle Ollivier.
Je savais qu’au moment où il allait expirer doucement, tranquillement, dans l’ombre de sa grande chambre dont on avait fermé les volets à cause d’un terrible soleil de juillet ; au milieu du silence étouffant de cette brûlante après-midi d’été, on entendit dans la rue une petite sonnette argentine. Puis, une voix claire traversa l’alourdissante chaleur : « Coco frais, rafraîchissez-vous, mesdames, coco, coco, qui veut du coco ? » Mon oncle fit un mouvement, quelque chose comme l’effleurement d’un sourire remua sa lèvre, une gaieté dernière brilla dans son œil qui, bientôt après, s’éteignit pour toujours. Lire la suite
LE DONNEUR D’EAU BÉNITE
Il habitait autrefois une petite maison, près d’une grande route, à l’entrée d’un village. Il s’était établi charron après avoir épousé la fille d’un fermier du pays, et comme ils travaillaient beaucoup tous les deux, ils amassèrent une petite fortune. Seulement ils n’avaient pas d’enfants, ce qui les chagrinait énormément. Enfin un fils leur vint ; ils l’appelèrent Jean, et ils le caressaient l’un après l’autre, l’enveloppant de leur amour, le chérissant tellement qu’ils ne pouvaient rester une heure sans le regarder.
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