Est-il un sentiment plus aigu que la curiosité chez la femme? Oh! savoir, connaître, toucher ce qu’on a rêvé! Que ne ferait-elle pas pour cela? Une femme, quand sa curiosité impatiente est en éveil, commettra toutes les folies, toutes les imprudences, aura toutes les audaces, ne reculera devant rien. Je parle des femmes vraiment femmes, douées de cet esprit à triple fond qui semble, à la surface, raisonnable et froid, mais dont les trois compartiments secrets sont remplis: l’un d’inquiétude féminine toujours agitée; l’autre, de ruse colorée en bonne foi, de cette ruse de dévots, sophistique et redoutable; le dernier enfin, de canaillerie charmante, de tromperie exquise, de délicieuse perfidie, de toutes ces perverses qualités qui poussent au suicide les amants imbécilement crédules, mais ravissent les autres. Lire la suite
Archives pour la catégorie Nouvelles
MOTS D’AMOUR
Dimanche.
Mon gros coq chéri,
Tu ne m’écris pas, je ne te vois plus, tu ne viens jamais. Tu as donc cessé de m’aimer? Pourquoi? Qu’ai-je fait? Dis-le moi je t’en supplie, mon cher amour! Moi, je t’aime tant, tant, tant! Je voudrais t’avoir toujours près de moi, et t’embrasser tout le jour, en te donnant, ô mon coeur, mon chat aimé; tous les noms tendres qui me viendraient à la pensée. Je t’adore, je t’adore, je t’adore, ô mon beau coq. Ta poulette. Lire la suite
UN RÉVEILLON
Je ne sais plus au juste l’année. Depuis un mois entier je chassais avec emportement, avec une joie sauvage, avec cette ardeur qu’on a pour les passions nouvelles.
J’étais en Normandie, chez un parent non marié, Jules de Banneville, seul avec lui, sa bonne, un valet et un garde dans son château seigneurial. Ce château, vieux bâtiment grisâtre entouré de sapins gémissants, au centre de longues avenues de chênes où galopait le vent, semblait abandonné depuis des siècles. Un antique mobilier habitait seul les pièces toujours fermées, où jadis ces gens dont on voyait les portraits accrochés dans un corridor aussi tempétueux que les avenues recevaient cérémonieusement les nobles voisins. Lire la suite
A CHEVAL
Les pauvres gens vivaient péniblement des petits appointements du mari. Deux enfants étaient nés depuis leur mariage, et la gêne première était devenue une de ces misères humbles, voilées, honteuses, une misère de famille noble qui veut tenir son rang quand même.
Hector de Gribelin avait été élevé en province, dans le manoir paternel, par un vieil abbé précepteur. On n’était pas riche, mais on vivotait en gardant les apparences. Lire la suite