I
J’étais assis sur le môle du petit port Obernon, près du hameau de la Salis, pour regarder Antibes au soleil couchant. Je n’avais jamais rien vu d’aussi surprenant et d’aussi beau.
La petite ville, enfermée en ses lourdes murailles de guerre construites par M. de Vauban, s’avançait en pleine mer, au milieu de l’immense golfe de Nice. La haute vague du large venait se briser à son pied, l’entourant d’une fleur d’écume; et on voyait, au-dessus des remparts, les maisons grimper les unes sur les autres jusqu’aux deux tours dressées dans le ciel comme les deux cornes d’un casque antique. Et ces deux tours se dessinaient sur la blancheur laiteuse des Alpes, sur l’énorme et lointaine muraille de neige qui barrait tout l’horizon. Lire la suite