Archives pour la catégorie Nouvelles

DOUBLE ASSASSINAT DANS LA RUE MORGUE

Quelle chanson chantaient les sirènes!
quel nom Achille avait-il pris, quand il se
cachait parmi les femmes! — Questions
embarrassantes, il est vrai, mais qui ne sont
pas situées au delà de toute conjecture.
Sir THOMAS BROWNE.

    Les facultés de l’esprit qu’on définit par le terme analytiques sont en elles-mêmes fort peu susceptibles d’analyse. Nous ne les apprécions que par leurs résultats. Ce que nous en savons, entre autres choses, c’est qu’elles sont pour celui qui les possède à un degré extraordinaire une source de jouissances des plus vives. De même que l’homme fort se réjouit dans son aptitude physique, se complaît dans les exercices qui provoquent les muscles à l’action, de même l’analyse prend sa gloire dans cette activité spirituelle dont la fonction est de débrouiller. Il tire du plaisir même des plus triviales occasions qui mettent ses talents en jeu. Il raffole des énigmes, des rébus, des hiéroglyphes; il déploie dans chacune des solutions une puissance de perspicacité qui, dans l’opinion vulgaire, prend un caractère surnaturel. Les résultats, habilement déduits par l’âme même et l’essence de sa méthode, ont réellement tout l’air d’une intuition. Lire la suite

VN:F [1.9.22_1171]
Rating: 0.0/10 (0 votes cast)
VN:F [1.9.22_1171]
Rating: 0 (from 0 votes)

LA VÉNUS D’ILLE

Ἵλεως, ἢν δ’ἐγώ, ἔστω ὁ ἀνδριὰς
καὶ ἤπιος οὕτως ἀνδρεῖος ὤν.
ΛΟΥΚΙΑΝΟΥ ΦΙΛΟΨΕΥΔΗΣ

    Je descendais le dernier coteau du Canigou, et, bien que le soleil fût déjà couché, je distinguais dans la plaine les maisons de la petite ville d’Ille, vers laquelle je me dirigeais.
«Vous savez, dis-je au Catalan qui me servait de guide depuis la veille, vous savez sans doute où demeure M. de Peyrehorade?
— Si je le sais! s’écria-t-il, je connais sa maison comme la mienne ; et s’il ne faisait pas si noir, je vous la montrerais. C’est la plus belle d’Ille. Il a de l’argent, oui, M. de Peyrehorade; et il marie son fils à plus riche que lui encore.
— Et ce mariage se fera-t-il bientôt? lui demandai-je. Lire la suite

VN:F [1.9.22_1171]
Rating: 0.0/10 (0 votes cast)
VN:F [1.9.22_1171]
Rating: 0 (from 0 votes)

LE PÈRE AMABLE

I

Le ciel humide et gris semblait peser sur la vaste plaine brune. L’odeur de l’automne, odeur triste des terres nues et mouillées, des feuilles tombées, de l’herbe morte, rendait plus épais et plus lourd l’air stagnant du soir. Les paysans travaillaient encore, épars dans les champs, en attendant l’heure de l’Angélus qui les rappellerait aux fermes dont on apercevait, çà et là, les toits de chaume à travers les branches des arbres dépouillés qui garantissaient contre le vent les clos de pommiers. Lire la suite

VN:F [1.9.22_1171]
Rating: 0.0/10 (0 votes cast)
VN:F [1.9.22_1171]
Rating: 0 (from 0 votes)

JULIE ROMAIN

Je suivais à pied, voici deux ans au printemps, le rivage de la Méditerranée. Quoi de plus doux que de songer, en allant à grands pas sur une route? On marche dans la lumière, dans le vent qui caresse, au flanc des montagnes, au bord de la mer! Et on rêve! Que d’illusions, d’amours, d’aventures passent, en deux heures de chemin, dans une âme qui vagabonde! Toutes les espérances, confuses et joyeuses, entrent en vous avec l’air tiède et léger; on les boit dans la brise, et elles font naître en notre cœur un appétit de bonheur qui grandit avec la faim, excitée par la marche. Les idées rapides, charmantes, volent et chantent comme des oiseaux. Lire la suite

VN:F [1.9.22_1171]
Rating: 0.0/10 (0 votes cast)
VN:F [1.9.22_1171]
Rating: 0 (from 0 votes)