Archives pour la catégorie Contes

DEUX AUGURES

Surtout, pas de génie!

(Devise moderne.)

Jeunes gens de France, âmes de penseurs et d’écrivains, maîtres d’un Art futur, jeunes créateurs qui venez, l’éclair au front, confiants en votre foi nouvelle, déterminés à prendre, s’il le faut, cette devise, par exemple, que je vous offre: « ENDURER, POUR DURER! » vous qui, perdus encore, sous votre lampe d’étude, en quelque froide chambre de la capitale, vous êtes dit, tout bas: « O presse puissante, à moi tes milliers de feuilles, où j’écrirai des pensées d’une beauté nouvelle! » vous avez le légitime espoir qu’il vous sera permis d’y parler selon ce que vous avez mission de dire, et non d’y ressasser ce que la cohue en démence veut qu’on lui dise, – vous pensez, humbles et pauvres, que vos pages de lumière, jetées à l’Humanité, payeront, au moins, le prix de votre pain quotidien et l’huile de vos veilles? Lire la suite

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VOX POPULI

À Monsieur Leconte de Lisle

« Le soldat prussien fait soncafé dans une lanterne sourde. »

LE SERGENT HOFF.

Grande revue aux Champs-Élysées, ce jour-là !

Voici douze ans de subis depuis cette vision. — Un soleil d’été brisait ses longues flèches d’or sur les toits et les dômes de la vieille capitale. Des myriades de vitres se renvoyaient des éblouissements : le peuple, baigné d’une poudreuse lumière, encombrait les rues pour voir l’armée. Lire la suite

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VÉRA

A Madame la comtesse d’Osmoy.

La forme du corps lui est plus essentielle
que sa substance.

La Physiologie moderne.

    L’Amour est plus fort que la Mort, a dit Salomon : oui, son mystérieux pouvoir est illimité.
C’était à la tombée d’un soir d’automne, en ces dernières années, à Paris. Vers le sombre faubourg Saint-Germain, des voitures, allumées déjà, roulaient, attardées, après l’heure du Bois. L’une d’elles s’arrêta devant le portail d’un vaste hôtel seigneurial, entouré de jardins séculaires ; le cintre était surmonté de l’écusson de pierre, aux armes de l’antique famille des comtes d’Athol, savoir : d’azur, à l’étoile abîmée d’argent, avec la devise « PALLIDA VICTRIX », sous la couronne retroussée d’hermine au bonnet princier. Les lourds battants s’écartèrent. Un homme de trente à trente-cinq ans, en deuil, au visage mortellement pâle, descendit. Sur le perron, de taciturnes serviteurs élevaient des flambeaux. Sans les voir, il gravit les marches et entra. C’était le comte d’Athol.
Chancelant, il monta les blancs escaliers qui conduisaient à cette chambre où, le matin même, il avait couché dans un cercueil de velours et enveloppé de violettes, en des flots de batiste, sa dame de volupté, sa pâlissante épousée, Véra, son désespoir. Lire la suite

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LES DEMOISELLES DE BIENFILATRE

A Monsieur Théodore de Banville.

De la lumière!…
Dernières Paroles de Goethe.

    Pascal nous dit qu’au point de vue des faits, le Bien et le Mal sont une question de « latitude ». En effet, tel acte humain s’appelle crime, ici, bonne action, là-bas, et réciproquement. — Ainsi, en Europe, l’on chérit, généralement, ses vieux parents ; — en certaines tribus de l’Amérique on leur persuade de monter sur un arbre ; puis on secoue cet arbre. S’ils tombent, le devoir sacré de tout bon fils est, comme autrefois chez les Messéniens, de les assommer sur-le-champ à grands coups de tomahawk, pour leur épargner les soucis de la décrépitude. Lire la suite

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