Archives pour la catégorie Contes

LE DÉSIR D’ÊTRE UN HOMME

À Monsieur Catulle Mendès

Un de ces hommes devant lesquels la Nature peut se dresser et dire : « Voilà un Homme ! »

SHAKESPEARE

Jules César.

Minuit sonnait à la Bourse, sous un ciel plein d’étoiles. A cette époque, les exigences d’une loi militaire pesaient encore sur les citadins et, d’après les injonctions relatives au couvre-feu, les garçons des établissements encore illuminés s’empressaient pour la fermeture.

Sur les boulevards, à l’intérieur des cafés, les papillons de gaz des girandoles s’envolaient très vite, un à un, dans l’obscurité. L’on entendait du dehors le brouhaha des chaises portées en quatuors sur les tables de marbre; c’était l’instant psychologique où chaque limonadier juge à propos d’indiquer, d’un bras terminé par une serviette, les fourches caudines de la porte basse aux derniers consommateurs. Lire la suite

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LE PLUS BEAU DINER DU MONDE

Un coup du Commandeur !

un coup de Jarnac !

(Vieux dicton.)

Xanthus, le maître d’Esope, déclara, sur la suggestion du fabuliste, que, s’il avait parié qu’il boirait la mer, il n’avait point parié de boire les fleuves qui « entrent dedans », pour me servir de l’aimable français de nos traducteurs universitaires.

Certes, une telle échappatoire était fort avisée; mais, l’Esprit de progrès aidant, ne saurions-nous en trouver, aujourd’hui, d’équivalentes? de tout aussi ingénieuses? – Par exemple:

« Retirez, au préalable, les poissons, qui ne sont point compris dans la gageure; filtrez! – Défalcation faite de ces derniers, la chose ira de soi. » Lire la suite

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SENTIMENTALISME

À Monsieur Jean Marras.

Je m’estime peu quand je m’examine ; beaucoup, quand je me compare.

MONSIEUR-TOUT-LE-MONDE.

Par un soir de printemps, deux jeunes gens bien élevés, Lucienne Emery et le comte Maximilien de W***, étaient assis sous les grands arbres d’une avenue des Champs-Elysées.

Lucienne est cette belle jeune femme à jamais parée de toilettes noires, dont le visage est d’une pâleur de marbre et dont l’histoire est inconnue.

Maximilien, dont nous avons appris la fin tragique, était un poète d’un talent merveilleux. De plus, il était bien fait, et de manières accomplies. Ses yeux reflétaient la lumière intellectuelle, charmants, mais, comme des pierreries, un peu froids. Lire la suite

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LE SECRET DE L’ANCIENNE MUSIQUE

À Monsieur Richard Wagner

C’était jour d’audition à l’Académie nationale de Musique.

La mise à l’étude d’un ouvrage dû à certain compositeur allemand (dont le nom, désormais oublié, nous échappe, heureusement!) venait d’être décidée en haut lieu; – et ce maître étranger, s’il fallait ajouter créance à divers memoranda publiés par la Revue des Deux Mondes, n’était rien moins que le fauteur d’une musique « nouvelle! ».

Les exécutants de l’Opéra ne se trouvaient donc rassemblés aujourd’hui que dans le but de tirer, comme on dit, la chose au clair, en déchiffrant la partition du présomptueux novateur. Lire la suite

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