Archives pour la catégorie Villiers de L’Isle-Adam, Auguste (1838-1889)

LE SECRET DE L’ANCIENNE MUSIQUE

À Monsieur Richard Wagner

C’était jour d’audition à l’Académie nationale de Musique.

La mise à l’étude d’un ouvrage dû à certain compositeur allemand (dont le nom, désormais oublié, nous échappe, heureusement!) venait d’être décidée en haut lieu; – et ce maître étranger, s’il fallait ajouter créance à divers memoranda publiés par la Revue des Deux Mondes, n’était rien moins que le fauteur d’une musique « nouvelle! ».

Les exécutants de l’Opéra ne se trouvaient donc rassemblés aujourd’hui que dans le but de tirer, comme on dit, la chose au clair, en déchiffrant la partition du présomptueux novateur. Lire la suite

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IMPATIENCE DE LA FOULE

À Monsieur Victor Hugo.

Passant, va dire à Lacédémone que nous sommes ici, morts pour obéir à ses saintes lois.

SIMONIDES.

La grande porte de Sparte, au battant ramené contre la muraille comme un bouclier d’airain appuyé à la poitrine d’un guerrier, s’ouvrait devant le Taygète. La poudreuse pente du mont rougeoyait des feux froids d’un couchant aux premiers jours de l’hiver, et l’aride versant renvoyait aux remparts de la ville d’Héraklès l’image d’une hécatombe sacrifiée au fond d’un soir cruel. Lire la suite

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A S’Y MÉPRENDRE

À Monsieur Henri de Bornier.

Dardant on ne sait où leurs globes ténébreux.

C. BAUDELAIRE.

Par une grise matinée de novembre, je descendais les quais d’un pas hâtif. Une bruine froide mouillait l’atmosphère. De passants noirs, obombrés de parapluies difformes, s’entrecroisaient.

La Seine jaunie charriait ses bateaux marchands pareils à des hannetons démesurés. Sur les ponts, le vent cinglait brusquement les chapeaux, que leurs possesseurs disputaient à l’espace avec ces attitudes et ces contorsions dont le spectacle est toujours si pénible pour l’artiste.

Mes idées étaient pâles et brumeuses; la préoccupation d’un rendez-vous d’affaires, accepté depuis la veille, me harcelait l’imagination. L’heure me pressait: je résolus de m’abriter sous l’auvent d’un portail d’où il me serait plus commode de faire signe à quelque fiacre. Lire la suite

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LE CONVIVE DES DERNIERES FETES

À Madame Nina de Villard.

L’Inconnu, c’est la part du lion.

FRANCOIS ARAGO.

Le Commandeur de pierre peut venir souper avec nous; il peut nous tendre la main! Nous la prendrons encore. Peut-être sera-ce lui qui aura froid.

Un soir de carnaval de l’année 186…, C***, l’un de mes amis, et moi, par une circonstance absolument due aux hasards de l’ennui « ardent et vague », nous étions seuls, dans une avant-scène, au bal de l’Opéra.

Depuis quelques instants nous admirions, à travers la poussière, la mosaïque tumultueuse des masques hurlant sous les lustres et s’agitant sous l’archet sabbatique de Strauss. Lire la suite

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