Archives pour la catégorie Maupassant, Guy de (1850-1893)

NOTE D’UN VOYAGEUR

Sept heures. Un coup de sifflet; nous partons. Le train passe sur les plaques tournantes, avec le bruit que font les orages au théâtre; puis il s’enfonce dans la nuit, haletant, soufflant sa vapeur, éclairant de reflets rouges des murs, des haies, des bois, des champs.

Nous sommes six, trois sur chaque banquette, sous la lumière du quinquet. En face de moi, une grosse dame avec un gros monsieur, un vieux ménage. Un bossu tient le coin de gauche. A mes côtés, un jeune ménage, ou du moins un jeune couple. Sont-ils mariés? La jeune femme est jolie, semble modeste, mais elle est trop parfumée. Quel est ce parfum-là? je le connais sans le déterminer. Ah! j’y suis. Peau d’Espagne. Cela ne dit rien. Attendons. Lire la suite

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MISTI

Souvenirs d’un garçon

 

J’avais alors pour maîtresse une drôle de petite femme. Elle était mariée, bien entendu, car j’ai une sainte horreur des filles. Quel plaisir peut-on éprouver, en effet, à prendre une femme qui a ce double inconvénient de n’appartenir à personne et d’appartenir à tout le monde? Et puis, vraiment, toute morale mise de côté, je ne comprends pas l’amour comme gagne-pain. Cela me dégoûte un peu. C’est une faiblesse, je le sais, et je l’avoue. Lire la suite

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LETTRE TROUVÉE SUR UN NOYÉ

Vous me demandez, Madame, si je me moque de vous? Vous ne pouvez croire qu’un homme n’ait été frappé par l’amour? Eh bien, non, je n’ai jamais aimé, jamais!

D’où vient cela? Je n’en sais rien. Jamais je ne me suis trouvé dans cette espèce d’ivresse du cœur qu’on nomme l’amour! Jamais je n’ai vécu dans ce rêve, dans cette exaltation, dans cette folie où nous jette l’image d’une femme. Je n’ai jamais été poursuivi, hanté, enfiévré, emparadisé par l’attente ou la possession d’un être devenu tout à coup pour moi plus désirable que tous les bonheurs, plus beau que toutes les créatures, plus important que tous les univers! Je n’ai jamais pleuré, je n’ai jamais souffert par aucune de vous. Je n’ai point passé les nuits, les yeux ouverts, en pensant à elle. Je ne connais pas les réveils qu’illuminent sa pensée et son souvenir. Je ne connais pas l’énervement affolant de l’espérance quand elle va venir, et la divine mélancolie du regret, quand elle s’est enfuie en laissant dans sa chambre une odeur légère de violette et de chair. Lire la suite

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LA FARCE

Nous vivons dans un siècle où les farceurs ont des allures de croque-morts et se nomment : politiciens. On ne fait plus chez nous la vraie farce, la bonne farce, la farce joyeuse, saine et simple de nos pères. Et, pourtant, quoi de plus amusant et de plus drôle que la farce ? Quoi de plus amusant que de mystifier des âmes crédules, que de bafouer des niais, de duper les plus malins, de faire tomber les plus retors en des pièges inoffensifs et comiques ? Quoi de plus délicieux que de se moquer des gens avec talent, de les forcer à rire eux-mêmes de leur naïveté, ou bien, quand ils se fâchent, de se venger avec une nouvelle farce ? Lire la suite

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