Archives pour la catégorie Maupassant, Guy de (1850-1893)

CONFESSION D’UNE FEMME

Mon ami, vous m’avez demandé de vous raconter les souvenirs les plus vifs de mon existence. Je suis très vieille, sans parents, sans enfants ; je me trouve donc libre de me confesser à vous. Promettez-moi seulement de ne jamais dévoiler mon nom.

J’ai été beaucoup aimée, vous le savez ; j’ai souvent aimé moi-même. J’étais fort belle ; je puis le dire aujourd’hui qu’il n’en reste rien. L’amour était pour moi la vie de l’âme, comme l’air est la vie du corps. J’eusse préféré mourir plutôt que d’exister sans tendresse, sans une pensée toujours attachée à moi. Les femmes souvent prétendent n’aimer qu’une fois de toute la puissance du coeur ; il m’est souvent arrivé de chérir si violemment que je croyais impossible la fin de mes transports. Ils s’éteignaient pourtant toujours d’une façon naturelle, comme un feu où le bois manque. Lire la suite

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AUTRES TEMPS

Quand un gentilhomme, au siècle dernier, ruinait galamment sa maîtresse, il en acquérait aussitôt un surcroît de bonne réputation. Si la maîtresse ainsi dépouillée était une grande dame, si, abandonnée aussitôt sa bourse vide, elle était remplacée par une autre que le séducteur dévalisait avec la même aisance et le même appétit, il devenait, lui, un roué, un homme à la mode, considéré, envié, respecté, jalousé, salué jusqu’à terre, et jouissant de toutes les faveurs des puissants et des femmes. Lire la suite

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RÊVES

C’était après un dîner d’amis, de vieux amis. Ils étaient cinq : un écrivain, un médecin et trois célibataires riches, sans profession.

On avait parlé de tout, et une lassitude arrivait, cette lassitude qui précède et décide les départs après les fêtes. Un des convives qui regardait depuis cinq minutes, sans parler, le boulevard houleux, étoilé de becs de gaz et bruissant, dit tout à coup :

— Quand on ne fait rien du matin au soir, les jours sont longs. Lire la suite

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LA VEILLÉE

Elle était morte sans agonie, tranquillement, comme une femme dont la vie fut irréprochable ; et elle reposait maintenant dans son lit, sur le dos, les yeux fermés, les traits calmes, ses longs cheveux blancs soigneusement arrangés comme si elle eût fait sa toilette encore dix minutes avant la mort, toute sa physionomie pâle de trépassée si recueillie, si reposée, si résignée qu’on sentait bien quelle âme douce avait habitée ce corps, quelle existence sans trouble avait menée cette aïeule sereine, quelle fin sans secousses et sans remords avait eue cette sage. Lire la suite

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