Archives pour la catégorie Maupassant, Guy de (1850-1893)

UNE PASSION

La mer était brillante et calme, à peine remuée par la marée, et sur la jetée toute la ville du Havre regardait entrer les navires.

On les voyait au loin, nombreux, les uns, les grands vapeurs, empanachés de fumée ; les autres, les voiliers, traînés par des remorqueurs presque invisibles, dressant sur le ciel leurs mâts nus, comme des arbres dépouillés.

Ils accouraient de tous les bouts de l’horizon vers la bouche étroite de la jetée qui mangeait ces monstres ; et ils gémissaient, ils criaient, ils sifflaient, en expectorant des jets de vapeur comme une haleine essoufflée. Lire la suite

VN:F [1.9.22_1171]
Rating: 0.0/10 (0 votes cast)
VN:F [1.9.22_1171]
Rating: 0 (from 0 votes)

VOYAGE DE NOCE

PERSONNAGES

 

Mme RIVOIL, cinquante ans.
Mme BEVELIN, soixante ans.

 

Un salon. – Sur le guéridon un livre ouvert : la Chanson des nouveaux époux, par Mme Juliette Lamber.

 

Mme RIVOIL. – Ça m’a fait un singulier effet, ce livre. C’est mon poème que je viens de lire, le poème dont j’ai été l’héroïne, il y a trente ans passés. Vous me voyez les yeux rouges, ma chère amie : c’est que je pleure comme une fontaine depuis deux heures ; je pleure tout ce vieux passé, si court, et fini, fini… fini.

Mme BEVELIN. – Pourquoi tant regretter les choses disparues ? Lire la suite

VN:F [1.9.22_1171]
Rating: 0.0/10 (0 votes cast)
VN:F [1.9.22_1171]
Rating: 0 (from 0 votes)

UN DRAME VRAI

Le vrai peut quelquefois n’être pas vraisemblable (1.)

 

Je disais l’autre jour, à cette place, que l’école littéraire d’hier se servait, pour ses romans, des aventures ou vérités exceptionnelles rencontrées dans l’existence ; tandis que l’école actuelle, ne se préoccupant que de la vraisemblance, établit une sorte de moyenne, des événements ordinaires.

Voici qu’on me communique toute une histoire, arrivée, paraît-il, et qui semble inventée par quelque romancier populaire ou quelque dramatique en délire.

Elle est, en tout cas, saisissante, bien machinée et fort intéressante en son étrangeté. Lire la suite

VN:F [1.9.22_1171]
Rating: 0.0/10 (0 votes cast)
VN:F [1.9.22_1171]
Rating: 0 (from 0 votes)

CLAIR DE LUNE

Madame Julie Roubère attendait sa soeur aînée, Mme Henriette Létoré, qui revenait d’un voyage en Suisse.

Le ménage Létoré était parti depuis cinq semaines à peu près. Mme Henriette avait laissé son mari retourner seul à leur propriété du Calvados, où des intérêts l’appelaient, et s’en venait passer quelques jours à Paris, chez sa soeur.

Le soir tombait. Dans le petit salon bourgeois, assombri par le crépuscule, Mme Roubère lisait, distraite, les yeux levés à tout bruit.

Le timbre enfin tinta, et sa soeur parut, tout enveloppée en ses grands vêtements de route. Et tout de suite, sans s’être seulement reconnues, elles s’étreignirent violemment, s’arrêtant de s’embrasser pour recommencer aussitôt. Lire la suite

VN:F [1.9.22_1171]
Rating: 0.0/10 (0 votes cast)
VN:F [1.9.22_1171]
Rating: 0 (from 0 votes)