Archives pour la catégorie Maupassant, Guy de (1850-1893)

PREMIÈRE NEIGE

La longue promenade de la Croisette s’arrondit au bord de l’eau bleue. Là-bas, à droite, l’Esterel s’avance au loin dans la mer. Il barre la vue, fermant l’horizon par le joli décor méridional de ses sommets pointus, nombreux et bizarres.

A gauche, les îles Sainte-Marguerite et Saint-Honorat, couchées dans l’eau, montrent leur dos couvert de sapins.

Et tout le long du large golfe, tout le long des grandes montagnes assises autour de Cannes, le peuple blanc des villas semble endormi dans le soleil. On les voit au loin, les maisons claires, semées du haut en bas des monts, tachant de points de neige la verdure sombre. Lire la suite

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L’ATTENTE

On causait, entre hommes, après dîner dans le fumoir. On parlait de successions inattendues, d’héritages bizarres. Alors maître Le Brument, qu’on appelait tantôt l’illustre maître, tantôt l’illustre avocat, vint s’adosser à la cheminée.

« J’ai, dit-il, à rechercher en ce moment un héritier disparu dans des circonstances particulièrement terribles. C’est là un de ces drames simples et féroces de la vie commune ; une histoire qui peut arriver tous les jours, et qui est cependant une des plus épouvantables que je connaisse. La voici : Lire la suite

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LE VENGEUR

Quand M. Antoine Leuillet épousa Mme veuve Mathilde Souris, il était amoureux d’elle depuis bientôt dix ans.

M. Souris avait été son ami, son vieux camarade de collège.

Leuillet l’aimait beaucoup, mais le trouvait un peu godiche. Il disait souvent : « Ce pauvre Souris n’a pas inventé la poudre. » Quand Souris épousa Mlle Mathilde Duval, Leuillet fut surpris et un peu vexé, car il avait pour elle un léger béguin. C’était la fille d’une voisine, ancienne mercière retirée avec une toute petite fortune. Elle était jolie, fine, intelligente. Elle prit Souris pour son argent. Lire la suite

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HUMBLE DRAME

Les rencontres font le charme des voyages. Qui ne connaît cette joie de retrouver soudain, à cinq cents lieues du pays, un Parisien, un camarade de collège, un voisin de campagne ? Qui n’a passé la nuit, les yeux ouverts, dans la petite diligence drelindante des contrées où la vapeur est encore ignorée, à côté d’une jeune femme inconnue, entrevue seulement à la lueur de la lanterne alors qu’elle montait dans le coupé devant la porte d’une blanche maison de petite ville ?

Et, le matin venu, quand on a de l’esprit et les oreilles tout engourdies du continu tintement des grelots et du fracas éclatant des vitres, quelle charmante sensation de voir la jolie voisine ébouriffée ouvrir les yeux, regarder autour d’elle, faire, du bout de ses doigts fins, la toilette de ses cheveux rebelles, rajuster sa coiffure, tâter d’une main sûre si son corset n’a point tourné, si sa taille est droite et la jupe pas trop écrasée ! Lire la suite

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