Archives pour la catégorie Gautier, Théophile (1811-1872)

LE GARDE NATIONAL RÉFRACTAIRE

Le garde national réfractaire est un homme de bon sens, cosmopolite par goût, qui se soucie peu d’être national, et encore moins garde ; il aime mieux être réfractaire.

Les baïonnettes intelligentes le séduisent médiocrement ; car il trouve qu’il ne faut pas une grande intelligence pour planter un morceau de fer dans le ventre de n’importe qui.

Le soldat citoyen lui paraît une invention assez pauvre ; c’est bien assez d’être l’un sans être l’autre. Lire la suite

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L’ÂME DE LA MAISON

I

 

Lorsque je suis seul, et que je n’ai rien à faire, ce qui m’arrive souvent, je me jette dans un fauteuil, je croise les bras ; puis, les yeux au plafond, je passe ma vie en revue.

Ma mémoire, magicienne, prend la palette, trace, à grands traits et à larges touches, une suite de tableaux diaprés des couleurs les plus étincelantes et les plus diverses ; car, bien que mon existence extérieure ait été presque nulle, au dedans j’ai beaucoup vécu.

Ce qui me plaît surtout dans ce panorama, ce sont les derniers plans, la bande qui bleuit et touche à l’horizon, les lointains ébauchés dans la vapeur, vague comme le souvenir d’un rêve, doux à l’œil et au cœur. Lire la suite

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LAQUELLE DES DEUX

LAQUELLE DES DEUX
HISTOIRE PERPLEXE

 

L’hiver dernier, je rencontrais assez souvent dans le monde deux sœurs, deux Anglaises ; quand on voyait l’une, on pouvait être sûr que l’autre n’était pas loin ; aussi les avait-on nommées les belles inséparables.

Il y en avait une brune et une blonde, et, quoique sœurs jumelles, elles n’avaient de commun qu’une seule chose : c’est qu’on ne pouvait les connaître sans les aimer, car c’étaient bien les deux plus charmantes et, en même temps, les deux plus dissemblables créatures qui se soient jamais rencontrées ensemble. Cependant elles paraissaient s’accorder le mieux du monde. Lire la suite

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LA CAFETIÈRE

J’ai vu sous de sombres voiles
Onze étoiles,
La lune, aussi le soleil,
Me faisant la révérence,
En silence,
Tout le long de mon sommeil.
            La Vision de Joseph.

I

    L’année dernière, je fus invité, ainsi que deux de mes camarades d’atelier, Arrigo Cohic et Pedrino Borgnioli, à passer quelques jours dans une terre au fond de la Normandie.
Le temps, qui, à notre départ, promettait d’être superbe, s’avisa de changer tout à coup, et il tomba tant de pluie, que les chemins creux où nous marchions étaient comme le lit d’un torrent. Lire la suite

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