Archives pour la catégorie Villiers de L’Isle-Adam, Auguste (1838-1889)

SOMBRE RÉCIT, CONTEUR PLUS SOMBRE

À Monsieur Coquelin cadet.

Ut declaratio fiat.

J’étais invité, ce soir-là, très officiellement, à faire partie d’un souper d’auteurs dramatiques, réunis pour fêter le succès d’un confrère. C’était chez B***, le restaurateur en vogue chez les gens de plume.

Le souper fut d’abord naturellement triste.

Toutefois, après avoir sablé quelques rasades de vieux Léoville, la conversation s’anima. D’autant mieux qu’elle roulait sur les duels incessants qui défrayaient un grand nombre de conversations parisiennes vers cette époque. Chacun se remémorait, avec la désinvolture obligée, d’avoir agité flamberge et cherchait à insinuer, négligemment, de vagues idées d’intimidation sous couleur de théories savantes et de clins d’yeux entendus au sujet de l’escrime et du tir. Le plus naïf, un peu gris, semblait s’absorber dans la combinaison d’un coup de croisé de seconde qu’il imitait, au-dessus de son assiette, avec sa fourchette et son couteau. Lire la suite

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LA REINE YSABEAU

À Monsieur le comte d’Osmoy.

Le Gardien du Palais-des-Livres dit: « La reine Nitocris, la Belle aux joues de roses, veuve de Papi Ier, de la 10e dynastie, pour venger le meurtre de son frère, invita les conjurés à venir souper avec elle dans une salle souterraine de son palais d’Aznac, puis, disparaissant de la salle, ELLE Y FIT ENTRER, SOUDAINEMENT, LES EAUX DU NIL. »

MANETHON.

Vers 1404 – (je ne remonte si haut que pour ne pas choquer mes contemporains) – Ysabeau, femme du roi Charles VI, régente de France, habitait, à Paris, l’ancien hôtel Montagu, sorte de palais plus connu sous le nom de l’hôtel Barbette. Lire la suite

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LES BRIGANDS

À Monsieur Henri Roujon.

Qu’est le Tiers Etat? Rien.

Que doit-il être? Tout.

SULLY, – puis SIEYES.

Pibrac, Nayrac, duo de sous-préfectures jumelles reliées par un chemin vicinal ouvert sous le régime des d’Orléans, chantonnaient, sous les cieux ravis, un parfait unisson de mœurs, d’affaires, de manières de voir. Lire la suite

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L’APPAREIL POUR L’ANALYSE CHIMIQUE DU DERNIER SOUPIR

Utile dulci.

FLACCUS.

C’en est fait! – Nos victoires sur la Nature ne se comptent plus. Hosannah! Plus même le temps d’y penser! Quel triomphe!… A quoi bon penser, en effet? – De quel droit? – Et puis: penser? au fond, qu’est-ce que ça veut dire? Mots que tout cela!… Découvrons à la hâte! Inventons! Oublions! Retrouvons! Recommençons et – passons! Ventre à terre! Bah! le Néant saura bien reconnaître les siens.

ô magie! Voici qu’enfin les plus subtils instruments de la Science deviennent des jouets entre les mains des enfants! Témoin le délicieux Appareil du professeur Schneitzoëffer (junior), de Nürnberg (Bayern), pour l’Analyse chimique du dernier soupir. Lire la suite

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