Archives pour la catégorie Andersen, Hans Christian (1805-1875)

LA BERGERE ET LE RAMONEUR

As-tu jamais vu une très vieille armoire de bois noircie par le temps et sculptée de fioritures et de feuillages? Dans un salon, il y en avait une de cette espèce, héritée d’une aïeule, ornée de haut en bas de roses, de tulipes et des plus étranges volutes entremêlées de têtes de cerfs aux grands bois. Au beau milieu de l’armoire se découpait un homme entier, tout à fait grotesque; on ne pouvait vraiment pas dire qu’il riait, il grimaçait; il avait des pattes de bouc, des cornes sur le front et une longue barbe. Les enfants de la maison l’appelaient le «sergentmajorgénéralcommandantenchefauxpiedsdebouc ».

Évidemment, peu de gens portent un tel titre et il est assez long à prononcer, mais il est rare aussi d’être sculpté sur une armoire. Lire la suite

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LE SCHILLING D’ARGENT

I

    Il y avait une fois un schilling. Lorsqu’il sortit de la Monnaie, il était d’une blancheur éblouissante ; il sauta, tinta: « Hourrah ! dit-il, me voilà parti pour le vaste monde! » Et il devait, en effet, parcourir bien des pays.
Il passa dans les mains de diverses personnes. L’enfant le tenait ferme avec ses menottes chaudes. L’avare le serrait convulsivement dans ses mains froides. Les vieux le tournaient, le retournaient, Dieu sait combien de fois, avant de le lâcher. Les jeunes gens le faisaient rouler avec insouciance .
Notre schilling était d’argent de bon aloi, presque sans alliage. Il y avait déjà un an qu’il trottait par le monde, sans avoir quitté encore le pays où on l’avait monnayé. Un jour enfin il partit en voyage pour l’étranger. Son possesseur l’emportait par mégarde. Il avait résolu de ne prendre dans sa bourse que de la monnaie du pays où il se rendait. Aussi fut-il surpris de retrouver, au moment du départ, ce schilling égaré. « Ma foi, gardons-le, se dit-il, là-bas il me rappellera le pays! » Il laissa donc retomber au fond de la bourse le schilling, qui bondit et résonna joyeusement. Lire la suite

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L’AIGUILLE A REPRISER

Il y avait un jour une aiguille à repriser: elle se trouvait elle-même si fine qu’elle s’imaginait être une aiguille à coudre.

«Maintenant, faites bien attention, et tenez-moi bien, dit la grosse aiguille aux doigts qui allaient la prendre. Ne me laissez pas tomber; car, si je tombe par terre, je suis sûre qu’on ne me retrouvera jamais. Je suis si fine!

—Laisse faire, dirent les doigts, et ils la saisirent par le corps.

—Regardez un peu; j’arrive avec ma suite», dit la grosse aiguille en tirant après elle un long fil; mais le fil n’avait point de nœud. Lire la suite

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LES AMOURS D’UN FAUX COL

Il y avait une fois un élégant cavalier, dont tout le mobilier se composait d’un tire-botte et d’une brosse à cheveux.—Mais il avait le plus beau faux col qu’on eût jamais vu. Ce faux col était parvenu à l’âge où l’on peut raisonnablement penser au mariage; et un jour, par hasard, il se trouva dans le cuvier à lessive en compagnie d’une jarretière. «Mille boutons! s’écria-t-il, jamais je n’ai rien vu d’aussi fin et d’aussi gracieux. Oserai-je, mademoiselle, vous demander votre nom?

—Que vous importe, répondit la jarretière.

—Je serais bien heureux de savoir où vous demeurez.» Mais la jarretière, fort réservée de sa nature, ne jugea pas à propos de répondre à une question si indiscrète. «Vous êtes, je suppose, une espèce de ceinture? continua sans se déconcerter le faux col, et je ne crains pas d’affirmer que les qualités les plus utiles sont jointes en vous aux grâces les plus séduisantes. Lire la suite

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