LES DEUX MULETS

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Deux Mulets cheminaient ; l’un d’avoine chargé :
L’autre portant l’argent de la Gabelle.
Celui-ci glorieux d’une charge si belle,
N’eût voulu pour beaucoup en être soulagé.
Il marchait d’un pas relevé,
Et faisait sonner sa sonnette :
Quand l’ennemi se présentant,
Comme il en voulait à l’argent,
Sur le Mulet du fisc une troupe se jette,
Le saisit au frein, et l’arrête.
Le Mulet en se défendant,
Se sent percer de coups, il gémit, il soupire.
Est-ce donc là, dit-il, ce qu’on m’avait promis ?
Ce Mulet qui me suit, du danger se retire,
Et moi j’y tombe, et je péris.
Ami, lui dit son camarade,
Il n’est pas toujours bon d’avoir un haut Emploi.
Si tu n’avais servi qu’un Meunier, comme moi,
Tu ne serais pas si malade.

Source : Édition Barbin et Thierry (1668-1694) – Livre I. Texte modernisé.

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