LE SOLEIL ET LES GRENOUILLES

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Aux noces d’un Tyran tout le Peuple en liesse
Noyait son souci dans les pots.
Ésope seul trouvait que les gens étaient sots
De témoigner tant d’allégresse.
Le Soleil, disait-il, eut dessein autrefois
De songer à l’Hyménée.
Aussi-tôt on ouït d’une commune voix
Se plaindre de leur destinée
Les Citoyennes des Étangs.
Que ferons-nous, s’il lui vient des enfants ?
Dirent-elles au Sort, un seul Soleil à peine
Se peut souffrir. Une demi-douzaine
Mettra la Mer à sec, et tous ses habitants.
Adieu joncs et marais : notre race est détruite.
Bientôt on la verra réduite
À l’eau du Styx. Pour un pauvre Animal,
Grenouilles, à mon sens, ne raisonnaient pas mal.

Source : Édition Barbin et Thierry (1668-1694) – Livre VI. Texte modernisé.

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