SPLEEN ET IDÉAL. XXXVI. DUELLUM

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Deux guerriers ont couru l’un sur l’autre; leurs armes
Ont éclaboussé l’air de lueurs et de sang.
— Ces jeux, ces cliquetis du fer sont les vacarmes
D’une jeunesse en proie à l’amour vagissant.

Les glaives sont brisés ! comme notre jeunesse,
Ma chère ! Mais les dents, les ongles acérés,
Vengent bientôt l’épée et la dague traîtresse.
— O fureur des cœurs mûrs par l’amour ulcérés!

Dans le ravin hanté des chats-pards et des onces
Nos héros, s’étreignant méchamment, ont roulé,
Et leur peau fleurira l’aridité des ronces.

— Ce gouffre, c’est l’enfer, de nos amis peuplé!
Roulons-y sans remords, amazone inhumaine,
Afin d’éterniser l’ardeur de notre haine!

Source : Michel Lévy Frères, 1868. Les fleurs du mal.

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