LE VEAU

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Conte de noël pour sara salis

 

Il y avait une fois un petit garçon qui avait été bien sage, bien sage.

Alors, pour son petit Noël, son papa lui avait donné un veau.

— Un vrai ?

— Oui, Sara, un vrai.

— En viande et en peau ?

— Oui, Sara, en viande et en peau.

— Qui marchait avec ses pattes ?

— Puisque je te dis un vrai veau !

— Alors ?

— Alors, le petit garçon était bien content d’avoir un veau seulement, comme il faisait des saletés dans le salon…

— Le petit garçon ?

— Non, le veau… Comme il faisait des saletés et du bruit, et qu’il cassait les joujoux de ses petites sœurs…

— Il avait des petites sœurs, le veau ?

— Mais non, les petites sœurs du petit garçon… Alors on lui bâtit une petite cabane dans le jardin, une jolie petite cabane en bois.

— Avec des petites fenêtres ?

— Oui, Sara, des tas de petites fenêtres et des carreaux de toutes couleurs… Le soir, c’était le Réveillon. Le papa et la maman du petit garçon étaient invités à souper chez une dame. Après dîner, on endort le petit garçon et ses parents s’en vont.

— On l’a laissé tout seul à la maison ?

— Non, il y avait sa bonne… Seulement, le petit garçon ne dormait pas. Il faisait semblant. Quand la bonne a été couchée, le petit garçon s’est levé et il a été trouver des petits camarades qui demeuraient à côté…

— Tout nu ?

— Oh non, il était habillé. Alors tous ces petits polissons, qui voulaient faire réveillon comme des grandes personnes, sont entrés dans la maison, mais ils ont été bien attrapés, la salle à manger et la cuisine étaient fermées. Alors, qu’est-ce qu’ils ont fait ?…

— Qu’est-ce qu’ils ont fait, dis ?

— Ils sont descendus dans le jardin et ils ont mangé le veau…

— Tout cru ?

— Tout cru, tout cru.

— Oh ! les vilains !

— Comme le veau cru est très difficile à digérer, tous ces petits polissons ont été très malades le lendemain. Heureusement que le médecin est venu ! On leur a fait boire beaucoup de tisane, et ils ont été guéris… Seulement, depuis ce moment-là, on n’a plus jamais donné de veau au petit garçon.

— Alors, qu’est-ce qu’il a dit, le petit garçon ?

— Le petit garçon… il s’en fiche pas mal.

Source : Alphonse Allais. À se tordre : histoires chatnoiresques, Paul Ollendorff, 1891.

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