HALF AND HALF

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MIMORIGOLODRAME EN ONZE TABLEAUX, DESTINÉ
AU THÉÂTRE DES JEUNES-AVEUGLES
ARGUMENT

 

PREMIER TABLEAU

La scène représente la terrasse d’une brasserie à britishes prétentions. Sur les vitres, le passant attardé (il est midi moins le quart) peut lire : American Drinks, Luncheon, Pale Ale, Stout.
Malgré soi, on évoque les deux vers du poète Alphonse Allais :
Soubeyran, marchand de vin, pale ale, porter,
Sous Berr, en marchant, devint pâle à le porter.

DEUXIÈME TABLEAU

Une jolie petite femme s’installe à la terrasse et frappe la table de zinc du bout de son ombrelle. Arrive Pierrot, garçon de café.

TROISIÈME TABLEAU

Pierrot, suffoqué jusqu’aux moelles par le charme de la jeune personne, lui demande ce qu’elle prend.
La jeune personne exprime qu’elle désire un vermouth-cassis, surtout, pas beaucoup de cassis.

QUATRIÈME TABLEAU

Cependant que Pierrot est rentré dans l’établissement, afin d’y quérir les éléments constitutifs d’un vermouth-cassis, deux reconnaissables snobs prennent place à un guéridon, non loin de l’exquise créature.

CINQUIÈME TABLEAU

Revient Pierrot. Il sert l’adorée, non sans trouble, et s’informe auprès des ridicules quidams de ce qu’ils prennent.
Les imbéciles en question demandent une pinte d’half and half, ce qui est un mélange de blonde ale et de stout noir comme l’Érèbe.

SIXIÈME TABLEAU

Troublé, plus qu’on ne saurait dire, par la présence de la jolie petite bonne femme, Pierrot se trompe, et au lieu d’une pinte de half and half, il rapporte une pinte d’ale.

SEPTIÈME TABLEAU

Les snobs gueulent, tels des putois.

HUITIÈME TABLEAU

Pierrot, extrêmement embêté de son erreur, car la patronne est rosse, remporte sa bière et se dispose à remettre les choses en état quand…

NEUVIÈME TABLEAU

… Une idée géniale lui vient. Il prend une écritoire de l’établissement, verse quelques gouttes d’encre dans la blonde ale des snobs et leur rapporte, avec un bon sourire, cette mixture inédite.

DIXIÈME TABLEAU

Les snobs boivent et trouvent ça très bon.

ONZIÈME TABLEAU

Si bon qu’ils partent, laissant à Pierrot un gros pourboire avec lequel il entretient la jolie petite bonne femme.

Source : Alphonse Allais. Le Parapluie de l’escouade. Paul Ollendorff, 1893.

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